mercredi 16 juin 2010

5 juin 2010 : Première Conférence du Printemps


Le samedi 5 juin 2010, Nicolas THOMAS, docteur en histoire du droit et président du GHAB, a donné la première conférence du printemps à la Chapelle Saint-Lazare de Buzançais. Près de 70 personnes se sont déplacées pour admirer la simplicité romane du plus vieux bâtiments de notre ville et pour écouter une conférence intitulée Les châteaux de la République. Compiègne, Fontainebleau, Malmaison et Pau (XIXe et XXe siècles).

Construits et démolis, habités et oubliés, meublés et pillés, restaurés et abandonnés, les châteaux des rois de France et des empereurs des Français ont traversé les siècles. Bâtis et meublés pour être habités et pour affirmer la gloire royale et impériale, ces somptueux monuments d’art et d’histoire devinrent républicains le 4 septembre 1870. Lorsque la IIIe République fut proclamée, certains châteaux étaient en ruines et furent abandonnés, comme le palais des Tuileries ou le château de Saint-Cloud. D’autres devinrent les maisons officielles du président de la République, comme le palais de l’Élysée ou le château de Rambouillet. D’autres continuèrent à être des musées. Le palais du Louvre était un musée depuis la Révolution française. Le palais du Luxembourg était un musée depuis le Consulat. Le château de Versailles était devenu un musée sous la Monarchie de Juillet. Le château de Saint-Germain-en-Laye accueillait un musée depuis le Second Empire.
Et quatre châteaux, formant un ensemble monumental de second plan, restaient sans affectation : les châteaux de Compiègne, de Fontainebleau, de Malmaison et de Pau. Depuis l’île de Sainte-Hélène, l’empereur présenta le château de Fontainebleau comme « la vraie demeure des rois, la maison des siècles ». Le château de Compiègne était le palais de la fête impériale, la demeure des séries d’invités du Second Empire. Palais à la campagne, le château de Malmaison restait la maison de l’impératrice Joséphine. Et les murs du château de Pau demeuraient envahis par la mémoire d’Henri IV.
Avec la proclamation de la IIIe République, ces quatre palais, qui n’avaient jamais été des sièges du pouvoir, perdaient leur destination d’être des maisons de campagne pour les rois de France et les empereurs des Français.
Ainsi, la République devait trouver une utilité à ces quatre châteaux et s’approprier des monuments nationaux. Durant plusieurs décennies, la IIIe République n’abandonna pas complètement les quatre châteaux de Compiègne, Fontainebleau, Malmaison et Pau, mais elle négligea grandement l’histoire de France qu’ils incarnaient. Puis, le 20 juillet 1921, créa quatre musées nationaux dans ces quatre châteaux. Toutefois, cette création s’effectua dans une discrétion qui s’expliquait par le désintérêt et la difficulté pour un gouvernement républicain de s’approprier des lieux et des souvenirs glorieux d’une France royale et impériale.
Sous la IIIe République, les châteaux de Compiègne, Fontainebleau, Malmaison et Pau étaient administrés par des architectes et par des conservateurs. Les architectes et les conservateurs étaient des fonctionnaires entièrement indépendants les uns des autres, mais complètement soumis aux ordres des ministres. Possédant des attributions différentes, mais exerçant des missions complémentaires, ils se disputaient surtout la détermination de toutes les mesures indispensables à la conservation de monuments de l’histoire de France et des riches objets mobiliers qu’ils renfermaient.
Ces conflits administratifs importaient peu aux ministres qui ne cherchèrent pas à les atténuer par une amélioration réglementaire, par une précision des prérogatives propres à chacun. Les disputes confortaient l’autorité du ministre et de l’administration supérieure par la nécessité d’une intervention pour les résoudre. En outre, elles entraînaient une certaine émulation profitable à la conservation des monuments et de leurs collections d’objets mobiliers.

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