Le colloque Les émeutes de la
faim de 1847 à Buzançais. Regards d’hier et d’aujourd’hui fut une grande
réussite scientifique et une formidable rencontre populaire. Organisé par le
Groupe d’Histoire et d’Archéologie de Buzançais (GHAB) le colloque bénéficia du
soutien du Ministère de la Culture et de la Communication, du Conseil général
de l’Indre et de la Ville de Buzançais.
Le samedi 27 octobre 2012, au
début de l’après-midi, Régis BLANCHET,
et Nicolas THOMAS procédèrent
à l’ouverture du colloque.
Le Centre culturel Jean Bénard de
Buzançais accueillait alors 164 personnes. Beaucoup de spectateurs étaient des
habitants de Buzançais, mais plusieurs d’entre eux avaient parcouru plusieurs
dizaines de kilomètres pour assister au colloque, venant de différentes
communes de l’Indre (Châteauroux, Déols, Ardentes, Luant, Argy, Sainte-Gemme, etc.)
et de communes encore plus éloignées comme Saint-Aignan (Loir-et-Cher), Tours
(Indre-et-Loire), Bourges, Vierzon (Cher) ou Paris.
Docteur en Economie, Conseiller général de l’Indre, Maire de Buzançais.
Ce très nombreux public commença
par écouter la communication d’Yvon BIONNIER
intitulée Les émeutes de la faim de 1847 dans l’Indre. Yvon BIONNIER
commença par rappeler les causes économiques des révoltes (deux mauvaises
récoltes en 1845 et 1846), puis, il présenta les violentes émeutes que connut
le nord-ouest du département de l’Indre au début de l’année 1847. L’intervenant
examina ensuite le procès des émeutiers de Buzançais qui aboutit à trois
condamnations à mort, un jugement dénoncé par nombre de contemporains comme
George Sand, Victor Hugo ou Karl Marx.
Administrateur-adjoint au
Sénat.
Puis, Marc du POUGET
présenta Un libéral impitoyable chargé de la répression des émeutes de 1847
: Edouard de Vasson. Lors du procès des
émeutiers de Buzançais, Charles-Edouard Girard de Vasson (1801-1882) fut, sous
l’autorité de l’avocat général de la Cour d’appel de Bourges, un homme
inflexible qui imposa l’exécution des condamnés à mort sur la principale place
de Buzançais.
Après une pause permettant aux
intervenants et au public de discuter, Daniel BERNARD
évoqua Le petit peuple des campagnes à la veille des émeutes de 1847, ce
petit peuple de la région de Buzançais, aux confins de la Brenne et de la
Champagne du Berry. S’appuyant sur une minutieuse recherche aux Archives
départementales de l’Indre, il dressa un portrait économique et social
contrasté des journaliers agricoles qui, redoutant le chômage et refusant de
sombrer dans l’indigence, furent les principaux acteurs de la révolte de 1847.
Directeur des Archives départementales et du Patrimoine historique de l’Indre.
En fin d’après-midi, Cynthia
BOUTON,
venue spécialement des Etats-Unis pour le colloque, apporta Le regard d’une
historienne américaine. Elle montra que les émeutes de la faim de Buzançais
se situent dans une longue histoire des mobilisations collectives et des débats
politiques en France et que l’exemple de Buzançais est particulièrement utile
pour étudier l’histoire de la politique de l’approvisionnement et des
protestations populaires. Grâce à une grande diversité de médias, elle expliqua
que les différentes interprétations des émeutes de Buzançais sont des
renégociations des frontières entre l’économie morale et politique, les
protestations légitimes et le crime, le droit à l’existence et le droit à la propriété,
la violence collective, individuelle et le déploiement approprié de l’autorité.
Professor, Department of History,
Texas A&M University.
Le samedi soir, 94 personnes
revinrent au Centre culturel pour regarder le film Le pain et le vin,
diffusé pour la première fois à la télévision en 1978. Le film, réalisé par
Philippe LEFEBVRE à partir d’un scénario de Pierre DESGRAUPES, fut analysé par
Gérard COULON.Au cours de sa communication
intitulée Le Pain et le vin. Quand la télévision raconte les émeutes de 1847
à Buzançais, il présenta les lieux du tournage à Beaulieux-lès-Loches, en Touraine, le recrutement des figurants (une
centaine), le travail des décorateurs pour donner aux lieux un air d’époque,
les comédiens dont Marc Eyraud, le fameux commissaire Ménardeau, adjoint du
commissaire Cabrol dans les Cinq
dernières minutes et Monique Chaumette qui débuta au Théâtre National
Populaire dirigé par Jean Vilar.
Conservateur en chef honoraire du Patrimoine.
Le dimanche 28 octobre, par une
matinée très froide et ensoleillée, 65 personnes effectuèrent le parcours
historique dans Buzançais intitulé Sur les pas des émeutiers. Animée par
Yvon BIONNIER, les promeneurs munis d’un document réalisé par le GHAB partirent
du faubourg des Hervaux, où les trois charrettes de blé furent arrêtées, pour
traverser Buzançais, en passant par les Grands Moulins, les maisons pillées,
particulièrement la demeure Huart-Chambert, et se retrouver sur la place
publique où les trois condamnés furent guillotinés.
Le dimanche après-midi, les
communications reprirent au Centre culturel Jean Bénard dans lequel 162
personnes s’étaient rassemblées.
Jean-Pascal SIMONIN
apporta Le regard des économistes au XIXe siècle. Les
économistes cherchèrent d’abord à identifier les causes de la révolte de la
faim de Buzançais, à expliquer les événements (la disette de 1846-1847, la
politique du Ministre Cunin-Grudaine, l’insuffisance des moyens de transport,
l’absence de réserves de grains). Puis, la référence aux émeutes devint un
argument symbolique dans les débats opposant au XIXe siècle les
partisans du libre échange des grains à ceux du protectionnisme agricole.
Ainsi, l’affaire de Buzançais eut un impact énorme dans l’opinion publique.
Professeur
émérite de Sciences Économiques à l’Université d’Angers.
Par la suite, Kathy FERRÉ
interpréta un poème de Gaston Couté évoquant les émeutes de 1847 et l’une de
ses créations, Brenne 1847, écrite pour rappeler l’affaire de Buzançais.
Au cours de la pause, le public put, comme la veille, regarder les documents
originaux du procès des émeutiers de Buzançais. Présentés dans une vitrine, ces
documents furent prêtés par les Archives départementales de l’Indre. Abordant
la question de la faim dans le monde d’aujourd’hui, Marie COUTANT
interpréta la chanson Voici extraite de son dernier album.
Musicienne,
poète.
Docteur en Histoire du Droit, Président du Groupe d’Histoire et d’Archéologie
de Buzançais.
La clôture du colloque fut prononcée par Jean-Louis LAUBRY
qui effectua une remarquable synthèse raisonnée de ces deux journées.
Directeur du Centre
d’études supérieures de Châteauroux.
Le colloque Les émeutes de la
faim de 1847 à Buzançais. Regards d’hier et d’aujourd’hui fut le premier
colloque d’histoire organisé à Buzançais. Il rencontra un incontestable succès
scientifique et populaire. Les communications furent parfaitement
complémentaires. En outre, la présence de 485 personnes sur les deux journées
encourage le Groupe d’Histoire et d’Archéologie de Buzançais à organiser
d’autres colloques dans les années à venir.